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JEUX

Et je te jure que je suis tout ce que tu as aimé, et, pour commencer, importune, avide, noire et pillarde comme ces pies qui étonnaient et ravissaient ton enfance. Je vole bas, entre un ciel de pluie et un champ de luzerne, près du moulin et de la chèvre attachée à un essieu de charrette parce que j’ai envie que tu me lances un caillou et que tu me casses l’aile, ô vagabond !

Je tourne, autour de toi, dans ma robe de buis, comme la toupie à laquelle tu donnais le bourdonnement de l’abeille, la couleur de la route, la vitesse de la fantaisie, l’empressement victorieux de ton désir, la folie intermittente de ton âme, d’un coup de fouet, au temps où tu étais ce bandit qui faisait du mal à tout par trop de tendresse.

Et cette paille qui restait à ta veste lorsque, sournois, tu bravais les hommes, blessais le pain futur, insultais la vie nourricière en frappant, du bâton de l’indiscipline et du maraudage, le blé qui commençait à mûrir ? Et ce couchant pesant et violet qui t’inspirait