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SABBAT

dans la colère, ô cœur débile, jette-les sur le plancher à côté de celles que je pense d’un sourcil dur et froncé, et que je ne te dis pas. La gifle que tu veux me donner, jette-la sur le plancher où bat ma bassesse comme un cœur de repasseuse parfumé de basilic.

Et ton examen de conscience ? Jette-le, là, aussi. C’est du propre, fils des religions dont les prêtres parlent à voix basse ! « Combien de fois ?… » Ah ! tiens, tu me répugnes ! Mais je te ressemble tant ! Ne commets-je pas, moi aussi, par amour de la luxure trop subtile, le grand forfait : ne vis-je pas chaste ?

Mais comme nous sommes bien avancés quand nous avons badigeonné — gueule de porc sur champ d’étoiles — un blason à nos instincts mortifiés, cherché des rimes à nos sagesses avec la minutie d’une saltimbanque qui épouille son dernier-né, quand nous parons d’une couronne d’immortelles — regrets éternels ! — nos pauvres petites lâchetés de scrupuleux !

Est-ce assez ? Non ! Parfois tu es mauvais, haineux, imbécile comme tous les Élus de la Belle Princesse. Allons, poète, couche-toi sur le plancher. Je m’étendrai à tes côtés. Et, trop impurs pour faire ce que nous appelons : « La faute », nous la penserons. Et notre silence sera ce poison qui magnifie et dénonce notre vitalité de plantes dangereuses.

Est-ce assez ? Non. N’as-tu jamais battu la mère ? Pas avec le poing, peut-être, mais tu l’as battue. N’as-tu jamais tué ton ennemi