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SABBAT

la plus inspirée, par le clair de lune, et vos larmes d’oiseau possédé tomberont dans le soir que je suis.

Échappez-vous, chevreau, échappez-vous… Au fond du bois perdu, je serai ce torrent d’épines que le fugitif ne peut pas franchir, et, cependant, cette source de mousse où il se baigne en gémissant d’amour…

Éparpillez follement, désespérément, vos heures, horloge pleine du désir du suicide, mon doigt qui veille sur votre cadran doré a mis, parfois, de l’ordre dans les étoiles et a paru sur le croissant…

Révoltez-vous, forêt, révoltez-vous… Vous serez toujours, à la fin, cette grande martyre palpitante sur laquelle le vent qui me ressemble aura jeté ses mille bourreaux verts.

Quelles que soient votre connaissance et votre perfidie, serpent, vous viendrez, fasciné, à votre tour, déposer le diamant qui vous couronne et l’émeraude qui vous singularise dans la main, cette main que les pierreries maudites ont à jamais tentée…

Oui, entendez-vous, mon envoûté — je devrais dire : « Ma merveille et mon miracle… » — il en sera ainsi jusqu’à la fin des fins. Plus que ma délivrance éternelle, j’ai désiré que ces choses soient, que vous les lisiez, que vous en reconnaissiez la vérité, que vous en acceptiez la puissance tandis que, sur votre cœur, s’appuient mes deux mains responsables, car l’anneau est l’anneau et l’écriture est l’écriture.