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SABBAT

faire riche de ma jeunesse ressuscitée d’entre les roses, du soleil de mon ventre, du rubis de mon sein, ou le déposséder, selon le caprice des mauvais jours, de toute la vie… » Et cela, encor, s’est réalisé car le sang est le sang, la lune est la lune et l’amour est l’amour.

En jetant mon regard, topaze brûlante, dans tes yeux inquiets, je t’ai conquis à moi plus que par la victoire du glaive, et tu m’es plus soumis que l’Orient à la traîne des reines de Saba…

Personne n’a dit, devant toi, impunément mon nom. Chaque fois, il a claqué, sur la joue, comme une gifle de lumière, et en rêvant à ma colère et à mon silence, tu as reconnu que le fouet est le fouet et que la croix est la croix.

Ta superstition pâlit quand tu entends le marteau sur l’enclume, le cri métallique du fleuve au bateau amarré car tu sais profondément le sens des symboles, et je te défie d’être en présence de deux images qui se combattent en se complétant sans songer à toi et à moi qui sommes ensemble la perfection et la guerre.

Va, je règne plus sur toi que le temps sur la gravure pensive… Que la cendre sur l’oreille du chat changé en sphinx au coin de l’âtre…

Parfois — n’est-ce pas ? — tu es comme l’animal qui ne sait pas ce qu’il a et qui, pourtant, saigne, entre deux côtes, du coup qu’il a reçu près du cœur, mais, tout de suite, tu