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SABBAT

flancs inféconds et chastes, figure étroite et bandée de blanc !

Vois-tu, il n’y a que les damnés qui soient vraiment amoureux de Dieu.

Mais la paix ne vient pas. En vain, ferions-nous ruisseler tout le fleuve des orgues dans la rigole qu’habitent les morts… En vain, jetterions-nous toute l’allégresse aérienne des cloches dans l’humidité souterraine où gémit Pascal…

Allons ailleurs… Allons ailleurs… Je hais cette Église. Qui l’a édifiée dans mon âme païenne ? Voyons, qui a donné la funeste sensualité de l’âme à ce petit dieu cornu que je suis si souvent ? Qui l’a baptisé, ce chèvre-pied ?…

Pourquoi suis-je, parfois, ce mélancolique soleil catholique que la volupté a amoindri d’un rayon et augmenté d’une blessure ?…

Allons ailleurs…

Miracle soudain ! Mon visage est rose du sang joyeux et pur qui le pique de ses mille aiguillons dans sa lumière fleurie. N’est-ce pas que le soleil se porte bien ? N’est-ce pas que la forêt mutilée recommence toujours ses branches ? N’est-ce pas que je n’ai point la main immatérielle et flétrie d’une femme qui n’est qu’un serviteur de Dieu ? N’est-ce pas que mon âme c’est mon corps qui est jeune,