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SABBAT

grotesque entend, chaque jour, chaque soir, chaque nuit, des cris qui font trembler la luxure sur son humble trône provincial.

Et, pourtant, le possédé n’agit que comme un méprisable ivrogne, une brute d’ouvrier enchaîné à l’établi. Mais Nabuchodonosor, Sardanapale et Balthazar ont fait pas mal de putains, de maudits et de pourceaux avec moi quand je prends apparence de grande femelle triste…

Et nos descendants peuplent la terre…

Mais n’effrayons pas les dévotes et les apothicaires. Ceux-là sont, aussi, mes suppôts, cependant. Tout ce qui s’inspire du sadisme m’appartient, et je sais que les paroissiens et les bocaux sont pièges à damnation. Dormez en paix, apothicaires et dévotes. Je ne veux vous faire aucun mal, mais si j’approchais, de vos carcasses ointes, l’allumette de soufre, vous flamberiez comme Sodome et Gomorrhe, et ne vous en étonneriez pas.

L’autre semaine, le bruit courut, dans la petite ville, que Jeannine s’était cassé deux dents, en tombant contre un trottoir. Ah ! crédule petite ville ! Et du poing du Diable, qu’en faites-vous ? Mais, aussi, pourquoi cette naïve de Jeannine a-t-elle déclaré qu’avant ses trente ans, il se pourrait qu’elle eût envie de se marier… peut-être ?… « Voilà pour toi,