Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LA NUIT DE L’ESPAGNOLE

Quoi ! revoir cette caverne s’ouvrant dans le roc humide, précédée de ce jardin de buis où de dahlia semble un couteau planté au cœur languissant de l’automne ? Revoir cette solitude qu’en grelottant regardaient les peupliers de la route mêlés aux nuages gris galopant comme les troupeaux ? Non… Non… N’entrons pas dans la maison de l’Espagnole. Les Pyrénées, les plus grandes Pyrénées aux vésuves de neige ne la quittent pas des yeux.

— Entrons dans la maison de l’Espagnole. Ah ! cette salle basse, si obscure : cette crypte ! Et ces Vierges, toutes ces Vierges si parées et surveillées, chacune, par la lampe rouge ! Et cette Madone noire vêtue d’or, couronnée de feu, comme elle est prisonnière des émeraudes et des topazes ! Son cher petit enfant noir, couronné de feu, lui aussi, vêtu d’or, est gardé, lui aussi, par les gemmes jalouses. Ô cher Jésus, chétif et royal, Satan voudrait te caresser…

Senorito mio, je te salue.