Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
SABBAT

surez-vous ! — je ne regarde pas ces merveilles. À quoi bon ? En fermant les yeux je les vois si bien… Oh ! si bien !

— Taisez-vous, maudit. Vous me faites rougir jusqu’à l’âme.

— Honte délicieuse ! Quand l’âme rougit, le péché est bon.

— Le péché, qui le connaît ?

— Ah ! belle Endymienne, permettez-vous à celui qui, étant contre vous, tout contre vous, pourrait s’accorder d’autres licences, de prendre votre main dans sa main trompeuse, brune, dorée et méchante ?

— Oui.

— Voulez-vous que nous songions à Théodora, à Cléopâtre ? L’une faisait le péché en élevant le sceptre, l’autre, en avalant la perle, car le péché, en vérité, ce n’est pas…

— Oh ! non, ce n’est pas, bel inconnu, tout nu, tout nu, ce que les autres croient… Le péché ? Voulez-vous que je vous montre combien je suis belle quand je fais couler sur mon épaule le soleil mort d’une topaze, ce soleil mort qui se souvient d’avoir été vivant dans les yeux du Diable ? Voulez-vous qu’entre mes seins, je pose une médaille de velours ? Par jeu, bel inconnu, par jeu : mes seins sont blancs, le velours est noir.

— Ah ! pécheresse !

— Voulez-vous que nous nous taisions et que, soudain, la pluie tombe sur nos fenêtres envahies par le crépuscule ? La pluie