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SABBAT

nant. Je m’explique la petite tête hautaine et provocatrice de Marguerite, la coquetterie infernale qu’elle mettait à se montrer le plus possible de profil à ces messieurs, car ce profil était insolent, net et délicat comme…

— Le mien quand je passe les atours noirs et princiers de sainte Thérèse…

— …Elle regardait si étrangement le professeur de chimie !…

— Ah ! ah ! Faust et les cornues !… Tout est significatif, ma fille, mais on ne le sait pas assez.

— Moi, celui que je contemplais, c’était le professeur de dessin. Il avait la timidité honteuse et ravissante d’un faune surveillé par les nonnes. Le plus jeune de tous, on le disait beau, et quand il corrigeait, sur mon carton, la feuille d’acanthe…

— Sa main tremblait.

— J’en vois, encore, le poil blond et dru, la tache d’or si animale aux jointures…

— Eh ! le couvent vous éduque, mes filles ! Quant à ta Marguerite…

— Je comprends tout maintenant. Avec son petit accent précieux de Gasconne pédante, elle avait surnommé son chéri, cet homme aux rudes cheveux blancs en brosse, à l’œil dont l’iris, lentille d’or étroite et concentrée, était si satanique : « Le roi détrôné de Pologne. »

— Goût du faste et de la décadence. Tous les sadismes sont catalogués, chez moi. Et