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ET SES APPLICATIONS À L’ASTRONOMIE.

pensent qu’une théorie ne doit pas avoir la prétention de donner des apparences une explication conforme à la réalité, et que seuls importent les formules finales et leur accord aussi exact que possible avec un ensemble de lois expérimentales, le but essentiel étant de sauver les phénomènes, σῴζειν τὰ φαινόμενα, suivant une expression qui remonte à Platon, et la partie essentielle d’une théorie étant surtout le moule analytique dans lequel elle enferme les choses. À ce point de vue, on peut dire que ce qui constitue une théorie de la relativité, c’est le qui lui correspond. Celui-ci obtenu, on peut faire abstraction de la manière dont on y a été conduit.

D’autres, attachés aux idées traditionnelles, ne prennent pas facilement leur parti d’une sorte de rupture avec le sens commun. L’avenir dira dans quelle mesure, si de nouveaux faits expérimentaux leur apportent un appui, les idées nouvelles pourront s’incorporer dans ce bon sens moyen de l’humanité, où Descartes mettait le fondement de la certitude, et qui était pour lui le trait d’union entre notre pensée et le réel. Sans cet accord, il n’y a que scepticisme ; c’est un écueil que n’ont pas toujours évité les théoriciens de la physique.