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ET SES APPLICATIONS À L’ASTRONOMIE.

3.Les néoplatoniciens distinguaient deux temps. Suivant eux, il y a en dehors du temps physique un autre temps, le temps primordial qui est la cause du premier ; au sujet du temps physique, certains parlaient du temps de la lune, de celui du soleil et des planètes. On croirait presque entendre les relativistes modernes parler du temps local.

Les discussions commencées dans l’antiquité sur la nature du temps n’ont jamais cessé durant le moyen âge et les temps modernes, et les philosophes disserteront sans doute toujours sur son essence. On sait que pour Kant le temps et l’espace sont des formes a priori de notre sensibilité, formes à travers lesquelles nous voyons nécessairement les choses, et cette opinion s’est trouvée ruinée, au moins en ce qui concerne l’espace, par l’étude des géométries non euclidiennes. Plus récemment, une distinction essentielle a été faite par M. Bergson entre la durée réelle, c’est-à-dire la durée vécue que la conscience perçoit, et le temps paramètre qui figure dans nos formules.

4.En présence d’opinions si diverses sur le temps, on est tenté de dire avec saint Augustin : « Qu’est-ce donc que le temps ? Si nul ne me le demande, je le sais ; si je cherche à l’expliquer quand on me le demande, je ne le sais pas. » Ne pouvant définir le temps, il faut se borner à le nombrer, pour parler comme les péripatéticiens, c’est-à-dire à le mesurer. C’est donc reprendre le problème des temps différents,