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Rouges rouges, en avaient-ils fait part aux Français et à leurs Robes-noires ; on ne voulut pas les croire, personne ne déterra la hache contre les barbares rouges. Les Souriquois durent aller seuls sur les sentiers de la guerre car la haine des Longs-Couteaux les poursuivait à l’égal des habitants de la Câdie.

« Tu connais, mon fils, les événements terribles de l’année maudite. Je ne te les répéterai point. Qu’il te suffise de savoir que mon grand-père et sa tribu s’efforcèrent de sauver ce qu’ils purent des trop confiants et trop loyaux Acadiens.

« Les barbares avaient détruit la Grand-Prée, sur l’emplacement de laquelle, jusqu’ici, nul d’entre eux ou de leurs successeurs n’a osé élever aucune case. Ils sentent que le sol leur serait fatal, ils craignent de voir les ossements de leurs douces victimes surgir des décombres et sedresser devant eux.

« Cobequid et toute la mission de Shubenacâdie avaient été dévastées, Pigiquit était déserte, Monckton, après avoir forcé le lâche Vergor à lui rendre le fort de Beauséjour, avait promené sa torche de tous côtés, les fermes étaient rasées, les bestiaux enlevés, les moissons pillées ou détruites sur place…

« Sois certain, mon fils, que les Long-Couteaux d’aujourd’hui, ont hérité de la barbarie atroce de ceux d’alors ; je sais ce que je dis. »