Page:Picard - L Instant eternel.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.


ÉLOGE DE L’AMOUR


Certains m’ont dit : « Nous avons fait de grands voyages
« Pour oublier l’amour qui pesait à nos yeux,
« Nous avons supplié les forêts et les plages
« Et la face légère et changeante des cieux.

« Nous avons fait parler les livres et les sages,
« Nous avons demandé l’apaisement aux dieux,
« Cherché d’autres désirs parmi d’autres rivages
« Et bu le vin du soir dans des pays d’adieux… »

Mais moi je leur ai dit : « Votre vouloir m’étonne,
Eh ! quoi, vous n’aimez pas avant tout votre amour ?…
Il est votre pain blanc et votre vin d’automne
Et l’éblouissement qui vous reste du jour.

Eh ! quoi, vous n’aimez pas celui qui vous enivre,
Qui vous fait affligés comme un ruisseau le soir,
Vous fait porter le poids de la douceur de vivre
Quand, dans l’odeur des nuits, vous allez vous asseoir ?