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RÉSIGNATION


Destin, je te bénis de m’avoir désignée,
Dans les ombres du soir, dans les clartés du jour,
Pour avoir de douleur ma tête couronnée
Et pour jeter mon cœur dans l’inutile amour.

Oh ! tu m’as faite ainsi semblable aux purs rivages
Qui soupirent toujours devant l’espace amer,
Tu m’as faite semblable aux grands oiseaux sauvages
Qui gémissent d’effroi de tant aimer la mer.

Tu m’as faite semblable à la lyre incomplète
Et dont tout le sublime est de chercher, sans fin,
Le cri qui reste au fond de l’âme du poète,
Les échos de la vie et le son du divin.

L’idéal a mouillé d’un pleur d’or ma paupière,
Le songe, sur mon front, plane silencieux,
Ô destin, j’ai compris ton signe de lumière :
L’impossible est si près du sourire des dieux !