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À L’AMOUR


Que t’ai-je fait, Amour, toi le plus beau des justes,
Toi le plus étoilé des convives de Dieu,
Toi le plus recueilli des grands anges augustes
Qui vénèrent, là-haut, le silence et le feu ?…

Que t’ai-je fait, Amour, moi ta plus tendre amante,
Moi qui t’ai consacré les roses et le ciel,
Qui pour toi mis la mer dans mon âme mouvante
Et le bruit des forêts dans mon cœur éternel ?…

Comme tu m’es cruel, ô fils de la lumière !…
Jamais de mon désir je ne puis t’émouvoir,
Et ton doigt radieux n’a touché ma paupière
Qu’afin de lui défendre, ô méchant, de te voir.

Je t’ai voué le lin, les larmes, les étoiles,
Les eaux au pur visage et les lis aux bras blancs,
Je ne t’ai regardé qu’à travers de longs voiles
Et je ne t’ai prié qu’avec des doigts tremblants.