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MA TRISTESSE


Tu ne sais pas, ô bien-aimé,
Combien ton seuil est animé
Par ma tristesse ;
À ta porte je la répands,
Je la plante, je la suspends,
Sans fin, sans cesse…

Je te l’apporte avec mes doigts,
Je te la jette avec ma voix,
Tant asservie ;
Je te demande de la voir,
Je te l’impose au nom du soir
Et de la vie…

Elle se traîne sous tes pas,
Elle monte jusqu’à tes bras,
Elle t’enlace ;
Douce, en ta chambre elle te suit,
Elle te veille… Et de minuit
Elle a la face.