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On t’accorde le pain, le vin que tu consommes,
Mais un beau rêve vrai ne peut être ton bien ;
Oh ! le rire cruel et trop joyeux des hommes
Qui vivent de la vie et qui ne savent rien !…

Épuise, obscurément, le haut tourment de l’âme,
Austèrement, poursuis ton but indéfini,
Et reste toujours seule, ardente et douce femme,
Toi qui veux de l’amour pour tout ton infini.

Garde ton cher secret… Souffre… Je t’encourage…
Que ton front ne soit pas, devant l’homme, abattu,
Ne laisse pas tes yeux rêver sur ton visage,
Que l’orgueil soit sur toi comme de la vertu.

Et si c’est trop poignant… ah ! fuis… Je t’accompagne…
Va vers les arbres verts et le bruit des torrents,
Cherche la solitude et l’eau de la montagne
Et la lente douceur des nuages errants.

Pleure tes pleurs chéris dans un désert immense,
Et dans l’air seulement peuplé par le ciel bleu,
Partout où l’Infini fait venir du silence,
Car tu n’as pas besoin de te cacher de Dieu.