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LA CONTRAINTE


Au seul calme des nuits mon âme le raconte
Cet amour que, sur moi, le ciel versa, soudain,
Cet amour lumineux et merveilleux qui monte
Comme une lune neuve à travers un jardin.

En gouttes de cristal il court sur ma main nue,
Il a la tiède odeur du fruit qui va mûrir,
Il a, dans sa noblesse et sa grâce ingénue,
L’émouvante beauté du lis qui va fleurir.

Il est venu vers moi, pensif et volontaire,
Il m’a dit : « Me voici… Prends-moi contre ton cœur,
Vis-moi parmi le sacrifice et le mystère,
Chéris-moi… Je te paye en t’offrant la douleur.

Sache me dérober dans ta robe profonde,
Meurs si je pèse trop, mais ne me livre pas,
Délicate et farouche, à jamais, crains le monde,
Que tes doigts seuls essuient tes larmes d’ici-bas.