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SANGLOTS


Je ne rêverai plus de nuages qui partent,
De tout leur or ailé, vers des golfes d’azur,
Et de jeunes bois verts qui rient et qui s’écartent
Pour laisser voir un ciel heureux comme un fruit mûr.

Je ne rêverai plus de l’amoureuse joie,
De boire de l’automne où se fond du soleil,
De nouer ses bras clairs comme un voile de soie
Et d’être un pavot blond tout pâmé de sommeil.

Je ne rêverai plus de soirs sur la jetée
Quand, si pâle, on attend la lune et le départ,
Prête à tant respirer, la poitrine exaltée,
La musique, la nuit, la brise et le hasard.

Je ne rêverai plus avec tout mon silence,
Et dans ma main posée au coin chaud de mes yeux,
Et je m’enlèverai ma belle violence,
Et je vous briserai, mon cœur harmonieux.