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« Ah ! qu’attends-tu ?… Bientôt, il te faudra mourir,
« Il faudra qu’elle meure… Et, pourtant, son désir
« Se brise dans son jet comme l’eau qui s’élance…
« Il faudra que ses yeux, tes yeux oublient le jour…
« Qu’il est trois fois amer, trois fois encor l’amour
« Qui, sans un écho, meurt à travers le silence !… »

Ô nuit, va l’étonner de toute ta beauté,
Montre-lui ma douleur, sœur de ma volupté,
Et mon rêve étoilé dans son nocturne dôme,
Et ma chaste langueur qui se voile en riant,
Dis-lui que de chérir aussi fort l’Orient
Mon cœur verse à ses pieds sept fois son poids de baume.

Nuit, tu ne m’entends pas… L’aube vient d’arriver,
Plus encor à mon front est le mal de rêver,
Toujours flottent en moi les heures incertaines…
Hélas ! souffrir encor par le soleil levant,
Par les feuilles, le sol, l’aile prompte du vent
Et par le goutte à goutte éternel des fontaines !…