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Vois le bleu tourbillon des musiques passées,
Souffle les bulles d’or des furtives pensées…
Que le silence est doux qui tombe sur l’amour !…
La pluie, aux mains d’argent, écarte les feuillages,
Les jardins et la vie ont perdu leur contour,
Le beau fleuve s’endort en berçant des nuages…

Ma fenêtre est ouverte et tu vis près de moi,
Ô mon poignant amour… Je respire vers toi…
L’heure te donne tout à ma joie enivrée,
Léger, ton souffle afflue à mon âme altérée,
Je te sais attentif à la voix de tes dieux,
Ton logis est tout plein de la paix de tes yeux,
Tu travailles, la main sur ta tempe posée,
Et la sagesse met du ciel à ta croisée…
Et, parfois, quand le calme est, sur nous, plus profond,
J’aime m’imaginer, qu’en de furtives trêves,
Ton esprit me visite et que nos livres font,
Dans le soudain silence, un échange de rêves…