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APRÈS-MIDI


Il semble que, dehors, ne vivent dans les airs
Que les profondes eaux et les grands arbres verts,
C’est un printemps voilé, silencieux et tendre,
La nue est une perle où tremble de la cendre,
Tout est doux comme un rêve à peine conscient,
Comme un visage en pleurs et presque souriant,
Le calme des jardins dort sur la vigne frêle
Et le jour est ému comme une tourterelle.
La fumée est légère au-dessus des maisons,
La ville, de sa paix heureuse, s’enveloppe,
Et l’on voit apparaître, au bord des horizons,
Un ciel humide et frais comme un héliotrope.

Pleuvra-t-il ?… Les lilas tombent en attendant…
Le rêve est vaporeux, subtil, long, abondant,
On évoque des bois de silence et de mousse,
Un cœur ouvert d’où filtre une peine plus douce
Qu’une source emportant une ombre de tilleul…
Ô mon esprit fervent, sache demeurer seul,