Page:Picard - L Instant eternel.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA BEAUTÉ


Les heures, ardemment, dans l’air étaient écloses,
Le printemps mûrissait dans un soupir de feu,
Ô tiédeur du soleil où bourdonnaient les roses,
Torses de dieux cambrés dans un silence bleu !…

C’était dans un jardin où s’érigeaient des marbres,
L’art antique entr’ouvrait son regard émouvant,
Une sève païenne affluait dans les arbres
Et la beauté passait, les pieds nus, dans le vent.

Je méditais, disant : « Quelle harmonie entière :
Ces grands rosiers, ces dieux, cette splendeur du jour,
Et dans un cœur humain, battant dans la lumière,
Tout le sublime avec une douleur d’amour !… »

Dans mon esprit ouvert au bruit parfait de l’heure,
Nette, se dessinait la forme du divin,
Orgueilleuse, je dis : « Je suis celle qui pleure,
« Et Platon doit marcher au milieu du jardin…