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D’AUTRES LILAS


Le jour où je sentis vous adorer le plus
J’avais de grands lilas couchés près de mon livre,
De grands lilas épars sous la douceur de vivre,
Et comme mes transports se faisaient éperdus,
Tout à coup, sur les fleurs, je posai mon front ivre,
Et leur souffle et le mien restèrent confondus.

Ah ! tout mon cœur battait dans une couleur rose,
Et tout ensoleillée et pleine de senteur,
Mon soupir s’exhalait dans un complet bonheur,
Mon âme se mourait d’être à ce point éclose,
Ma tendresse vivait de toute sa ferveur,
Mon ardeur bourdonnait comme une ruche close.

Unique instant !… Frissons… Silence… Yeux fermés…
Pleurs trop heureux… Odeur des fleurs et de mon âme…
Ô lilas qui brûliez dans votre belle flamme,
Ô lilas excessifs, accablés et pâmés,
Il était plus d’amour dans ma robe de femme,
Qu’il n’était de printemps dans vos tas parfumés.