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Par l'artifice adroit je ne veux pas te plaire,
Je suis silencieuse, harmonieuse et claire,
Je vais simple, en mon âme, au-devant de tes pas,
Je soupire : « Comment ne devines-tu pas ?… »
Ma main, des gestes vains, dédaigne l’indigence,
Et je ne t’offre pas, ainsi qu’une vengeance,
Un sourire chargé d’amertume et d’orgueil.
Mon rêve, ce beau lis, habite sur ton seuil,
Je t’offre ma bonté pour embaumer ta tempe,
Je te donne mon cœur pour allumer ta lampe,
Et je vogue à tes pieds, en un cours généreux,
Ainsi qu’un fleuve pur qui serait amoureux…
Tout le bonheur épars pour toi je le désire,
J’aime vouer ta vie à quelque vrai sourire,
Je te donne au matin, au grand regard des dieux,
Au pain, au vin du soir, au jour tiède et soyeux,
J’écarte de ton front les tristesses, les doutes,
Et je te recommande au sol des bonnes routes…

Je ne suis pas jalouse… Une autre peut t’aimer…
Je la défie avec mon souffle parfumé,
Avec mes yeux baissés et mon noble silence…

Obscure, dans ton air, je médite, je pense…
Je dispose des fleurs dans une urne… Je lis…
Je fais monter vers toi l’odeur de mon pays…