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FLEUVE, Ô FLEUVE TREMBLANT…


Fleuve, ô fleuve tremblant, mires-tu mon amour,
Le fais-tu, grand soleil, flamboyer dans ton jour,
Petite herbe, l’as-tu dans ton parfum sauvage
Et l’entends-tu chanter sur tes bords, frais rivage ?…
Arbre vert, arbre tiède, arbre qui sens le miel,
Penses-tu qu’il peut être une abeille ?… Et toi, ciel,
Te dis-tu qu’il sourit au profond de ton voile
Avec des yeux mouillés de nuage ou d’étoile ?…
Chante, car le voici, petit enfant si pur,
Un ange l’a sur lui comme un fardeau d’azur,
Une vierge le file avec des yeux plus tristes
Que, sur un couchant d’or, un vitrail d’améthystes…
L’oiseau l’a sous son aile et, s’il le laisse choir,
Enfant, mon bel amour pleurera dans le soir,
Tout perdu, tout frileux dans la ramure brune,
Et crois qu’il sera plaint, en passant, par la lune…
Terre, réjouis-toi car il est pluie et vent,