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LE DIVIN FRISSON


Je t’ai si vite aimé que je fus rassurée,
J’ai compris que le ciel habitait dans tes yeux :
Quand la minute est si soudaine elle est sacrée,
Elle tombe d’un trait de la droite des dieux.

Le choc fut trop profond, l’heure sonna trop neuve,
Je sentis trop en moi s’épandre de clarté
Pour que ton cher regard ne soit pur comme un fleuve
Et grand à contenir mon rêve de beauté.

Ne sais-je pas que tout est vrai, tout est suprême,
Quand l’âme, tout à coup, monte d’un tel essor,
Quand on sent d’un plein cœur, brusquement, que l’on aime
Et lorsque le désir a le son de la mort ?…

Oui, dans l’être, à jamais, l’impulsion est forte,
Son vouloir souverain ne peut se discuter,
Quel est l’oiseau doutant du souffle qui l’emporte,
L’homme doutant du dieu qui l’a fait sangloter ?…