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L’APPROCHE


Comme ce fut terrible, indicible, soudain,
Ce fut un incendie, un vertige, une crue,
Le destin qui montait, du vent dans un jardin,
Une longue clameur ainsi que dans la rue.

Ce fut infini, bref… et ce fut, tout mêlé,
De l’effroi, de l’éclair, du bonheur, de l’abîme…
C’était agonisant comme un ciel étoilé,
Et plus poignant que quelque chose de sublime.

Je regardais… C’était l’extase et la stupeur ;
L’instant avait l’ampleur de la lune et d’un gave,
Et du silence grand de l’orage qui meurt,
Et du sanglot qui croît dans un instrument grave.

Avant qu’il ne parût je l’ignorais encor,
Et, cependant, je crus que, plus que la prière,
Que la bonté, l’ardeur, le rêve de la mort,
Il m’était, à jamais, devenu nécessaire.