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Salut, belle forêt où le silence vibre,
Où le cœur de l’air bat dans l’immensité libre,
Où les arbres païens sourient d’être des dieux,
Où la volupté roule en astres dans les yeux !…

Que j’ai soif de ta source et que j’ai soif de vivre !…

Tu me fais plus pressant le geste de te suivre…

Que j’ai faim de tes fruits et que j’ai faim d’amour !…

Tu fais trembler tes bras comme vers un retour…

J’ai peur, je veux te fuir… Je te demande grâce…
Tu fais monter des lis sur le sol où je passe…
Tu fais, autour de moi, dans l’ombre des roseaux,
Pleurer le chœur d’argent de la lune et des eaux…

Tu me prends… Tu me veux… Où veux-tu me conduire ?…
Tes grands yeux de déesse ont le désir de luire
Plus encore… Mon cœur d’enfant me dit adieu…
Mon front est regardé par toutes les étoiles…
J’ai peur… Et, cependant, je te suis, dans mes voiles,
Car l’amour est plus fort que la force de Dieu…