Page:Picard - L Instant eternel.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.


DÉSESPOIR


Je suis triste d’attendre et je sens que la nuit
A pleuré vainement la douceur de son bruit.
Nul amant n’est venu consoler mon ivresse
Et relever le voile épars de ma jeunesse.

Le cor n’est plus… Le banc est seul… Le puits est clos…

Les anciennes amours écoutent les échos…

À mon âme qu’importe, en ces heures nouvelles,
Le printemps emplissant la voix des tourterelles,
Et les premiers œillets si tendres de fraîcheur,
Et les premiers muguets si légers de blancheur,
Les petits ruisseaux bleus pleins des voix de l’enfance
Et le rêve tournant le fuseau du silence…

Adieu, soleil plus beau qu’un jeune souvenir,
Adieu, pays natal dont les sources m’appellent,
Jardin où le parfum et la lune se mêlent…