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Quand donc, sincères vers, me dira-t-on poète,
Aurai-je le destin que Musset a prédit
À ceux qui n’ont souci que de lever la tête
Et de frapper leur cœur véhément et maudit ?…

Quand donc me ferez-vous l’archange magnifique
Qui tord ses noirs cheveux sur son vêtement noir,
Qui marche dans l’orgueil, le vent et la musique
Et dont le nom est su des étoiles du soir ?…

Quand donc me ferez-vous le poète, le cygne,
Celui qui de sa voix émerveille sa mort,
Et crucifierez-vous, sur la montagne insigne,
Mes bras de dieu martyr avec vos longs clous d’or ?…

Ô mes vers, j’ai pleuré… Je l’ai dit… Je fus triste…
Ma souffrance a flotté parmi mes beaux cheveux…
Apprendrez-vous au monde, ô mes vers, que j’existe,
Vous, ô vers, que je fis des larmes de mes yeux ?

Vous, ô vous que je fis de mon amour déçue,
De ma colère forte ainsi qu’un mur d’airain,
De ma blessure heureuse et, qu’un jour, j’ai reçue
Où se trouvent le plus d’artères sur mon sein ?…