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Quand susciterez-vous un frisson dans la foule,
Qu’un sens mystérieux détourne de l’erreur,
Qui sait de quelle source un poème s’écoule
Et s’il sortit vraiment de la source du cœur ?

Quand dira-t-on : « Ces vers où l’amour s’achemine,
Où bat toute la vie en un rythme puissant,
Sont des vaisseaux pareils à ceux d’une poitrine,
Ils sont pleins de tiédeur, de tendresse et de sang ? »

Quand dira-t-on : « Ce nom à la belle mémoire
Édifiera son arche en un ciel étoilé,
Cette femme a souffert et voici que sa gloire
Est faite de ses nuits où ses pleurs ont coulé ? »

Quand dira-t-on : « Voici qu’elle fut bien humaine,
Elle a prié, gémi… peut-être, elle pécha…
Pas une fois son chant ne fit autre sa peine,
C’est là que le vrai cri, le cri vrai s’épancha ?…

Écoutez ! Tous ces vers sont sortis de sa gorge,
Elle les soupira, les vécut, les râla…
Courageuse, elle entra dans son cœur, dans la forge,
Tragique, elle a forgé son amour… Le voilà !… »