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Oui, je te veux heureux… Ouvre encore ta fenêtre…
Tu m’as bien fait souffrir, mais je t’absous tout bas…
Tu ris… Il fait soleil… Le désir te pénètre…
J’ai mal… L’été revient… Tu ris… Tu ne sais pas…

Tu ne sais pas, dans l’heure à jamais effacée,
Quelle était, en son baume amer, délicieux,
L’âme que sur tes pieds j’ai toute renversée
Et combien fut parfait le regard de mes yeux.

Tu ne sais pas comment j’ai chéri ton visage…
J’avais passé ma lèvre au sel, au myrte, au feu,
Et ma main s’était fait un geste noble et sage
Afin d’être agréée autour de toi par Dieu.

Tu ne sais pas combien il est indestructible
L’amour qu’on édifie avec tout ce qu’on sent
Juste, vrai, lumineux, grandiose et terrible,
La vertu de son âme et l’éclat de son sang.

En or pur j’ai bâti ta future sagesse,
Je te voyais portant le boisseau du bon grain,
Distribuant, avec ampleur, avec largesse,
Une justice belle et grave au son d’airain.