Page:Picard - L Instant eternel.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.


TU NE SAIS PAS…


Tu ne sais pas… tu vis… tu souris d’être gai,
Le soleil, devant toi, brille et fait les fleurs tièdes,
Tu te sens riche en ignorant que tu possèdes,
Heureux sans t’assurer si le bonheur est vrai.

À ta joie il suffit de l’instant qui l’écoute,
Tu chéris l’arbre où pleut la chaleur du printemps,
Ils sont encor si près de toi que, sur la route,
Tu peux, si tu les veux, rappeler tes vingt ans.

Tu ne sais pas, hélas ! toi que l’espoir réclame,
Toi qui marches, léger, sur le chemin offert,
Quelle tristesse emplit la robe d’une femme
Et tout ce que son cœur en battant a souffert.

Tu ne sais pas… Aussi, je n’ai pas de rancune,
Je me tairai… Je ne veux pas avoir raison !…
Je ne me dirai pas, aux moments d’infortune,
Que ton oubli ressemble à de la trahison.