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Et l’indulgence ainsi qu’un bouquet rose au bras,
Si j’étais attendrie, attentive et ravie,
Comprenant, absolvant d’une larme… et, tout bas,
Me disant qu’il faut tant pardonner à la vie…

Si l’innocence était au bord de mes pieds nus
Comme une source où des tilleuls vont en cortège,
Et si j’avais le songe et les yeux ingénus
Des beaux petits enfants qui regardent la neige,

Si je portais la joie en épis de clarté
Comme les saisons d’or qui vont dans les prairies,
Et, sur moi, si j’avais un parfum de bonté
Tel un parfum de pluie et de roses mûries.

À force de constance et de sublime ardeur,
Ô destin, si j’étais toute renouvelée,
Et si, de paix vêtue et d’idéal voilée,
Sur ma bouche fondait la douceur de mon cœur,

Destin, se pourrait-il qu’on te voie impassible,
Que je prie et j’appelle en un soir sans écho,
Que devant moi s’élève un mont inaccessible
Et que je reste seule avec mon seul sanglot ?…