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Chemins qu’il parcourra, voyez : Je vous le donne…
Faites que votre sol, sous ses pieds chers, rayonne,
Soyez-lui sûrs, chemins…
Préparez-lui la rencontre belle, l’ivresse,
Oui, je veux consentir qu’il goûte la caresse
Si nobles sont les mains.

Oh ! je te le confie, à jamais, ô silence,
Toi qui sus mon ardeur, ma pauvre violence,
Mon indicible émoi,
Va vers lui, neuf et pur, lavé par tant de larmes,
Et donne-lui toutes tes roses, tous tes charmes
En souvenir de moi.

Ces mains jointes, ces pleurs, cette triste colère,
Ces regards, constamment, arrêtés sur la terre,
Ce cœur presque épuisé,
Tout ce malheur, ô ciel, pâmé dans mes prières,
Ondoyant dans mes pas, noyé dans mes paupières,
Sur ma bouche, écrasé,

Cet amour, à mes flancs, attachant son supplice,
Cette rouge blessure et ce noir sacrifice,
Cet holocauste humain,
Ne deviendront-ils pas si, grave, je l’exige,
La fortune, la joie, un lumineux prodige
Pour tout son lendemain ?…