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Je fuirai le plaisir aux robes trop vermeilles,
Il me faudra la paix, le rayon du matin,
La maison des vertus, l’amitié des abeilles,
Et le lis du jardin.

Déjà, je suis assise à la place choisie,
En souriant, déjà, j’accepte de mourir,
J’ai, sur mes claires mains, l’or de la poésie
Et, dans mon cœur fermé, l’azur du souvenir.

Voyez-moi : je suis belle en voulant être bonne,
J’ai la même douceur que l’ombre et l’oranger,
Je suis comme un long jour de silence et d’automne
Enclos dans un verger.

Mon esprit, sur la vie, ardent et vrai, se pose,
J’ai vu, j’ai réfléchi, j’ai compris les humains,
Et je vous dois encor cette métamorphose
Car, par vous, j’ai pleuré dans le creux de mes mains.

Vous m’avez faite forte, affligée, enivrée,
Mon âme a resplendi dans un plein désespoir,
Je suis, dans mon odeur profonde et tempérée,
Une rose du soir.