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Tout ce grand autrefois qu’il renferme de charmes,
On pleure de douceur sur les anciennes larmes,
Comme c’est bon, comme c’est vrai d’avoir souffert,

D’avoir mouillé son âme avec l’eau de son âme,
D’avoir mis de l’amour dans sa robe de femme,
De se sentir l’esprit bien pur et bien amer…

Cieux du temps de jadis dont je comptais les voiles.
Comme mes yeux sont beaux d’avoir cru vos étoiles !
Ô Fleuve, vous m’avez fait un cœur éternel…

Je compte mes trésors ; quel or, quelle richesse :
La gravité, le lent sourire, la sagesse,
La douleur qui contient, comme la mer, le ciel…

Yeux veloutés du temps sur les choses passées,
Absence adoucissant les plus âpres pensées,
Ô mirage infini qui vient de l’autrefois !…

D’avoir battu jadis, le cœur bat plus encore,
La moisson du passé dans le présent se dore…
Tous les accents pleurés sont restés dans la voix…