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Qui me dit que lorsque je pleure,
Tu ne souffres à la même heure,
Que ma douleur n’est ta douleur ?…
Qu’alors, dans l’ombre pure et haute,
Ne viennent battre, côte à côte,
Mon pauvre cœur, ton pauvre cœur ?…

Quand la tendresse me transporte,
Quand je voudrais en être morte,
Quand je te tends, ivre, les bras,
Qui me dit qu’à cette seconde,
Avec l’ardeur la plus profonde,
Vers moi les tiens ne s’ouvrent pas ?

Les cœurs ont de bien grands mystères…
Les nôtres furent solitaires,
Mais leur son ne fut pas perdu…
Ah ! dans le silence suprême,
Qui, le premier, a dit : « Je t’aime ? »
Qui, le second, a répondu ?…