Page:Picard - L Instant eternel.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA PLUS DOULOUREUSE


« Mon bien-aimé mourut, me dîtes-vous, un soir… »
Petite fiancée à jamais veuve et blanche,
Ce mot fit plus désert encore le dimanche
Comme planait la nuit sur votre balcon noir.

« Il est mort… » dîtes-vous… Votre ombre fut plus vague,
Et l’anneau de la lune, il sembla, s’amincit,
De même que le cercle étroit de votre bague…
« Il est mort… » Et je dis : « Le mien est mort aussi… »

« Il est mort… » dîtes-vous de votre voix lointaine ;
Le tilleul s’agita dans tous ses rameaux verts,
Le cœur de la pitié cria dans la fontaine,
Ce fut sur nous un bleu désespéré des airs…

Petite amie, hélas ! que vous étiez petite,
Et comme vous souffriez !… Vous dîtes : « Je l’aimais… »
Votre peine tombait comme une marguerite
De vos tendres doigts joints… Vous dîtes : « Plus jamais !… »