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Pour se vêtir de ciel il était grand et nu,
L’héroïsme chantait au fond de sa poitrine,
Son cœur entretenait à sa lèvre divine
Un cri comme le soir n’en avait pas connu.

Il était véhément comme une tragédie,
Où, dans un mouvement de terrible beauté,
Passent la mort, le temps et la fatalité…
Il était rouge et noir ainsi qu’un incendie…

Il fut sublime, il fut parfait, il fut humain,
Il m’a contrainte, il m’a fait mal, il m’a blessée,
Mon âme, cet amour l’a toute renversée
Comme une urne d’eau claire au travers de sa main.

Comment vous oublier, vous qui me fîtes triste
Comme un fleuve éperdu d’être lui pour toujours ?…
Jamais la feuille à l’air, jamais l’onde à son cours,
Jamais la terre au blé ne dit : « Je vous résiste… »

Triomphez donc en moi d’un vouloir obstiné,
À mon cœur, plus que Dieu, vous vous fîtes connaître,
Et soyez à jamais reconnu pour mon maître
Puisque, par ma douleur, je vous ai tout donné.