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JE SOUFFRE…


Je voudrais, une fois, prendre vos mains, un soir,
Mon geste serait calme et plein de désespoir,
Je vous dirais : « Je souffre… » et, cette simple phrase
Répandrait à vos pieds ma douleur comme un vase…

Il me semblerait vain de vous parler encor,
Ces seuls mots contiendraient, comme un suprême accord,
Tout ce que mon chagrin a de notes profondes…
« Je souffre… » et ce seraient d’émouvantes secondes…

Ah ! trop cruel aimé vous comprendriez, soudain,
Que mon cœur fut pour vous un sol de chaud jardin,
Que mon cœur fut pour vous la diverse fontaine
Que son bruit, à la fois, fait proche et si lointaine…

Vous comprendriez, soudain, que mon cœur a brûlé
Avec une ferveur de noir ciel étoilé,
Sur vous, autour de vous… qu’il fut, intense et sobre,
Votre thym de septembre et votre miel d’octobre.