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Fais-moi bien grave, ô vie, et que jamais l’ivresse
D’un luth ou d’une fleur ne vienne m’exalter,
Que je sache semer aux sillons de sagesse,
Que je sache glaner aux champs de vérité… »

Lente, j’ai regagné pensivement ma chambre,
Aux dieux j’ai demandé d’être sans souvenir…
Dans l’air bleu s’effeuillait le rayon de septembre,
Et c’était triste et doux ainsi que pour mourir.

Et, soudain, j’aurais tant voulu mourir dans l’heure,
Car je haïssais plus encor que mon chagrin,
L’oubli que je cherchais et le devoir serein,
Et la vertu paisible et ma calme demeure.

J’étais là, sans savoir… Rien ne m’assistait plus…
Le bien, le mal étaient chargés du même leurre,
Et, voyant des Destins les yeux irrésolus,
Alors, mon cœur humain, mon cœur vrai, m’a dit : « Pleure !… »