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MUSIQUE DANS LE PARC


Triomphant du concert, jusque-là, resté sourd,
Les violons tremblaient de divine colère,
Et mon rêve était triste et mon rêve était lourd
De tout l’amour qui passe en criant sur la terre.

Ô nuit terrible et tendre où les chênes mouvants,
La longue robe bleue et molle des fontaines,
La face de l’étoile et le soupir des vents
Étaient toute ma joie et ma douleur humaines !…

Je me plaignais tout bas d’avoir les yeux si doux,
Et les cheveux pâmés sur ma tempe mouillée
D’avoir un si grand poids d’amour sur les genoux,
Et l’âme éparse, en mille fleurs, tout effeuillée…

La musique, parfois, étincelait d’ardeur,
Parfois, elle semblait par l’océan suivie,
Elle était le torrent, l’oiseau, l’arbre, le cœur,
Elle versait au soir tous les sons de la vie.