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Je baiserai le chêne où tes dieux te saluent,
L’herbe de la vallée où tu dors en riant,
Le lin, l’outil, le blé que tes mains distribuent,
Belle, je chanterai pour toi vers l’Orient.

Je te respirerai dans les vents de l’automne,
Dans les vents où tournoient les fous insectes d’or,
Ivres, dans le verger qui s’effeuille et rayonne,
D’avoir goûté les fruits et pressenti la mort.

Ô bien-aimé, fraîcheur, parfum de la colline,
Ô clarté de mes yeux, ô rythme de mon cœur,
Je mouillerai ta chair d’une larme divine
Et je m’effeuillerai sur toi comme une fleur.

Je t’apprendrai les mots dont s’alimente l’onde,
Dont s’avive l’azur, dont se dore l’été,
Pour toi, je lèverai mes deux bras sur le monde
Et mes gestes, pour toi, feront de la beauté.

La source des forêts dira notre jeunesse,
Et ma lèvre, sans fin, dans la tienne mourra,
La lune règnera, haute, sur notre ivresse
Et l’urne de ma vie à tes pieds coulera…