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Aime l’amour perpétué par le soleil,
Par les hautes moissons, par les larges vendanges,
Et ne fais pas de lui, dans un trouble sommeil,
Le dieu du rire amer et des vouloirs étranges.

Dis-toi qu’il est debout sur le vaste univers,
Qu’il doit être loué par les eaux abondantes,
Que de son souffle vif naissent les arbres verts,
La fleur chaude du sang et les roses ardentes.

Il promet à ton flanc le poids lourd et sacré,
En même temps qu’il jette à l’automne l’ivresse,
Il est la bonne route, il est le jeune pré,
Et le ciel du matin azuré d’allégresse.

Des âmes et des soirs il est l’embrasement,
La saveur de l’air bon que, sans fin, tu consommes.
Il unit tous les yeux et tout le firmament,
Il fait chanter les dieux dans les lyres des hommes.

Dis-toi qu’il n’est cruel que pour les cœurs méchants,
Qu’il ne peut être impur que dans une âme impure,
Il est la sève d’or des êtres et des champs,
Il est le pain offert à toute la nature…