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Oh ! mon ami, surtout, vous aurez la bonté,
Cette active bonté qui réchauffe et qui dore,
Celle qui fait germer, celle qui fait éclore…
De la bonté de Dieu a coulé la clarté…

Du peuple vous direz les angoisses obscures,
Et vous voudrez sauver l’âme des ouvriers
Qui, dans un cri haineux, triomphent des leviers
Et font broyer leur cœur aux lourdes filatures.

Vous serez grave et fier et j’aurai peur de voir,
Quoique vous dévoiliez des ardeurs irréelles,
— Ainsi l’esprit du fer jaillit en étincelles !… —
Quelle ténacité calme est dans votre œil noir.

Je ferai l’humble tâche en gestes grandioses,
Au jardin j’offrirai les rustiques travaux ;
Oh ! le blanc linge épars qui, sur les longs cordeaux,
Sèche dans un zéphir tout plein de passe-roses !…

Vous me direz la force et la bonté des vents,
Et quand j’aurai pleuré dans la nature auguste,
Vous, vous me serrerez sur votre cœur de juste,
Et tous les blés seront autour de nous mouvants.