Page:Picard - L Instant eternel.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Venez, vous aimerez ces sites merveilleux
Où l’air est une mer aux flots de giroflées ;
L’eau fait rouler le ciel à travers les vallées,
Et c’est la neige et l’aigle et l’or sur les pics bleus…

Venez sur les monts purs où la lueur légère
De la lune est semblable à la plainte du cor,
Où chaque vol de vent est plein de genêts d’or,
Où la paix sent si bon la sagesse et la terre.

Dans l’abîme profond, c’est le noir train qui fuit,
En fer, en feu, tragique et beau comme une forge,
C’est, d’étoiles mouillé, le talus de la gorge
Où la voix du crapaud semble aspirer la nuit.

Nos cœurs seront unis dans les roches arides,
Je monterai, le soir, vers le ciel et l’amour,
Un long chant de berger nous dira quand le jour,
Doucement, dans la source, ouvre ses yeux limpides.

Chez nous, vous entendrez, dans un calme enchanté,
Bien loin des faux plaisirs, des secrètes embûches,
L’hiver, les feux ardents enfonçant dans les bûches
Leurs hautes piques d’or dans un vol de clarté.