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RÊVES D’AVENIR


Mon bien-aimé m’a dit : « Je chéris ce pays
Où s’échappe des monts le cri vif des rivières,
Où s’écoule le rire ému des lavandières,
Où, sous cet arbre mort, mon aïeul s’est assis.

J’ai ce vieux fief couvert de ronces et de roses ;
Sublime, en plein azur, en pleine immensité,
Il meurt de poésie, il meurt de vétusté :
Le temps s’est endormi contre ses portes closes.

Mais allons dissiper son magique sommeil,
Ses portes s’ouvriront à ma voix amoureuse,
Ses murs intérieurs ont une face heureuse,
Ils sont encore chauds d’un passé de soleil.

Oh ! si, toujours, là-haut, vous étiez ma compagne,
Je serais bon d’avoir ouï le fer crier,
D’avoir vu les grands bras justes de l’ouvrier
Et d’être le fils rude et doux de la montagne !…