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LA FUITE


À peine, si ma bouche avait goûté sa bouche,
Je n’osais pas…
J’étais, tout à la fois, si douce et si farouche
Entre ses bras.

J’ai fui… Mes pleurs tombaient dans l’herbe chaude et verte
Et dans l’odeur
Des forêts qui dansaient dans leur robe entr’ouverte,
Toutes en fleur.

Dans l’ombre s’égouttait la blancheur de mes voiles
Comme de l’eau,
Et le soleil pleuvait en petites étoiles
Sur un bouleau.

Des insectes tournaient, dans le reflet des saules,
D’un lent essor,
Et le bonheur tombait, tiède, sur mes épaules,
Comme de l’or.